(0/1) alma nieves — like tectonic plates.

ça chuchote au creux de l'oreille, mots doux et respiration sucrée alors qu'elle s'approche, toujours plus près, pour entendre ce qu'il va lui rétorquer. ça amuse toujours la galerie, la façon qu'à alma de charmer, d'aimer, de ne jamais rester. et lui plus encore: il avale chacune de ses paroles comme si elle était divine, sacrée, absolue. et c'est vrai qu'elle le fait bien, alma, le déhanchement délicat, les mouvements saccadés, les respirations brûlantes alors qu'elle lui raconte une soirée passée avec ses amies quelques temps plus tôt, voix enchantée mais légèrement désintéressée alors que ses doigts se perdent de son épaule à son torse, toujours plus bas. si la nuit devait avoir une déesse, elle n'aurait d'yeux que pour la latina, qui attrape la main de l'inconnu et l'emmène, l'embarque, le noie. le flot de paroles n'arrête jamais mais il est hypnotisé, un peu comme ces pauvres marins naufragés. il doit se sentir chanceux, le temps d'une seconde. chanceux d'avoir la jolie brunette aux formes bien dessinées et au sourire charmeur. heureux d'avoir su capturer l'âme brûlante entre ses doigts le temps d'une nuit. et si seulement il savait que c'est alma qui joue et alma qui gagne, à chaque fois qu'elle sort, la façon qu'elle a de fasciner n'importe qui. la façon dont elle se laisse posséder, juste le temps d'une nuit, avant de s'évader quand le petit matin s'invite au travers des rideaux. il ne sait pas encore ce que ça fera, de se réveiller aux premières lueurs du jour et de ne pas avoir une seule preuve de son passage. il va douter, un peu, qu'elle ait vraiment existé. parce qu'elle est comme ça, alma, tout en violence et en plaisir. mais elle ne reste pas, elle ne reste jamais. elle s'envole dès qu'elle a eu ce qu'elle voulait. et ce soir, ce soir elle le veut lui. les grands yeux de noah, un peu étonnés d'avoir été choisis. les vingt centimètres qui l'élèvent au-dessus de la jeune femme, malgré les talons hauts qu'elle porte. la façon qu'il a, nonchalante mais gracieuse, de se tenir. elle le veut tout entier, ce qui explique sans doute pourquoi elle lie ses doigts aux siens et l'amène jusqu'à son appartement, où elle commence doucement à le déshabiller. sans préambule, tout en promesses. c'est doux, la façon qu'il a de la regarder. elle s'attend à ce qu'il tombe à genoux à tout moment, parce que c'est ce que font les croyants devant un miracle, et elle est plus que prête à ouvrir doucement les jambes pour le laisser y chanter des prières. la soirée va être glorieuse, qu'elle pense, les doigts perdus dans les cheveux du garçon, la bouche collée à sa mâchoire, qui remonte doucement jusqu'à ses lèvres.