mes racines et mes ailes (feat asketill)

Tu laisses tes pas te guider. Tu ne sais pas trop où tu vas mais tu marches, plus par envie que par nécessité. T’es incapable de rester dans cet appartement devenu trois fois trop grand, depuis qu’elle est partie. Tu soupires à cette pensée, tu revois son visage ridé mais souriant. Ce sourire qu’elle t’offrait chaque fois qu’elle te voyait, et ce depuis qu’elle t’a accueillis chez elle il y a plus de quinze ans maintenant, après la mort de ta famille. La douleur qui te ronge l’intérieur du ventre depuis ce jour, réagi aussitôt à leur souvenir. Ce vide qui s’est creusé, créé par le manque. Ils te manquent tous un peu plus chaque jour et tu sens que tu finiras par en mourir si ça continue. Tu laisses couler la larme qui roule sur ta joue, avant de l’essuyer d’un geste pour éviter que d’autres suivent et que tu sois incapable de les arrêter. Tu mets tes lunettes de soleil pour masquer ta peine et continues d’avancer dans les rues pour atterrir à chinatown, quartier que tu apprécies particulièrement pour sa diversité et surtout sa boutique de musique que tu aimes parcourir pendant des heures juste pour oublier le reste pendant un temps. Tu décides de t’y rendre n’ayant rien d’autre de prévu. Tu pousses les portes de la boutique quelques minutes plus tard, saluant le propriétaire que tu connais à force de venir. Il te connait aussi et sait que tu n’es pas du genre bavard et respecte ton choix, il te laisse te balader dans les rayons sans poser de questions ou venir te proposer de l’aide sans cesse comme le font la plupart des commerçants dès que tu entres dans leur boutique. C’est aussi pour ça que tu aimes tant venir ici. Tu finis par te poster devant un rayon de musique classique et pose les écouteurs sur tes oreilles pour laisser la musique te bercer, te coupant du monde extérieur pendant plusieurs minutes.  

Aske était depuis le mois de décembre ici, aux Etats-Unis. Mais rien ne semblait changer, il continuait à ne pas trop parler parce que les mots ne sortaient plus. Rien ne sortait, mise à part les larmes. Mais il ne voulait pas montrer sa tristesse parce qu'il avait peur qu'on l'abandonne de nouveau. Il avait peur de tellement de choses qu'il n'arrivait pas à exprimer. Alors il se rendait à son endroit favori. Un magasin de musique avec des instruments. Le gérant était quelqu'un de gentil qui comprenait la timidité d'Asketill. Mais il l'avait écouté essayer le piano et il l'avait autorisé à venir de temps en temps. Et quand il jouait, Asketill était ailleurs et autre. Il s'enfermait dans une mélodie qui le reliait aux souvenirs de sa mère. La tristesse s'envolait. C'était comme s'il jouait pour lui. Il jouait pour sa mère et essayait d'être le meilleur à l'école pour son père. Une promesse qu'il leur avait fait silencieusement. Aujourd'hui, encore, Aske était devant le piano et distraitement, il jouait une mélodie classique. Il ne prêtait attention à personne jusqu'à ce qu'il vit une silhouette familière. Son cousin, Wyatt. Il s'arrêta de jouer et il s'approcha de lui. Il le tira par la veste: "Wyatt! Wyatt...." . Aucun autre mot ne sortirait de sa bouche pour le moment. Mais il était soulagé de revoir sa famille. Il n'était plus seul sur un continent inconnu.

tu oublies tout ce qui t’entoure. Tu t’évades dans un monde sans douleur, sa peine, là où tous tes souvenirs redeviennent réalité. Où ta famille ne t’a pas quitté. Tu laisses la musique t’envahir, elle glisse en toi comme une drogue apaisante. Tu sais que le retour sera encore plus douloureux. Tu gardes les yeux fermés pour ne pas te laisser perturbé par les gens qui t’entourent. Tu disparais doucement, tu retiens des larmes. Tu as quitté la boutique depuis plusieurs minutes déjà lorsque tu sens que l’on tire sur la veste, tu n’entends pas ton prénom, son étouffé par la musique. Tu maudis d’abord l’inconnu qui te vient te déranger, mais tu ravises presque aussitôt alors que tu tournes le visage vers lui. Tu retires lentement le casque, arrêtant la musique d’un doigt. Tu souris instinctivement, reconnaissant tout de suite le visage de ton cousin. Tu reposes le casque, avant de te tourner franchement vers lui. asketill? tu prononces son prénom avec une réelle tendresse, tu es tellement content de voir un visage familier, un membre de ta famille, en vie. Tu t’approches doucement, et tu le prends dans tes bras, incapable de résister plus longtemps à ce contact rassurant. Tu ne te souviens plus la dernière fois que tu l’as vu. Il a bien grandi depuis, évidemment, mais tu le reconnais parfaitement. qu’est-ce que tu fais ici ? tu es tellement heureux de le voir, que tu en oublies la fait que cela reste tout de même bizarre, de le voir ici.  

Le choc de voir son cousin ici était tel qu'Aske n'arrivait pas à parler. Non, il n'arriverait pas à répondre à sa question surtout pour lui dire la vérité qui sonnait encore fausse dans la tête d'Aske. Il ne voulait pas y croire même si ça faisait 5 ans qu'il était séparé de sa soeur et de son frère. Cinq ans qu'il ne voyait plus le visage de ses parents le matin. Il voyait d'autres visages. Des inconnus qui étaient devenus ses parents. Comment lui dire ça? "J'ai été adopté..." trois mots et en islandais. Encore douloureux aux oreilles d'Asketill. Il avait du mal à se dire qu'il s'appelait désormais Herondale et non plus Olsson. Il regarda son cousin, restant dans ses bras. Il avait besoin d'être rassuré et le voir le soulageait. Et pourtant, dans son regard, il y avait de la détresse. D'avoir été abandonné par tout le monde. Mais surtout par sa famille. Il n'allait rien dire de plus. Il ne voulait pas les dires ces mots sur la raison du pourquoi il avait adopté. Il s'accrocha à Wyatt, silencieusement comme pour lui dire de ne pas l'abandonner lui aussi. Et inconsciemment, un autre visage s'afficha dans son regard. Ni son frère, ni sa soeur. Aucun membre de sa famille. Juste un blond pour qui son coeur chavirait. Il avait l'impression que lui seul pourrait l'empêcher de demander à rentrer à Reykjavík.

Tu le serres dans tes bras, comme si tu avais peur qu’il ne soit qu’un reflet de ton passé, le fruit de ton imagination et qu’il allait disparaitre comme les autres. Ton sourire s’élargit alors que tu el sens toujours contre toi, il ne part pas. Pas cette fois. Tu n’es plus seul. Tu as peut-être retrouvé une famille, tu espères revoir ses parents, ta tante et ton oncle. Tes autres cousins, ta famille. Mais tu n’as pas vraiment pris de leur nouvelles ces dernières années. Tu ne leur as même pas dis pour ta grand-mère, tu as rompu tout contact, involontairement. Tu appréhendes un peu, craignant qu’ils t’en veulent pour ça. j'ai été adopté... Pourtant les seuls mots qu’asketill prononcent finalement, viennent chambouler tes nouveaux plans. Tu te sens complètement perdus par eux. Tu les comprends bien que l’islandais ne soit pas ta langue natale, tu le parles un peu. Tu le gardes un instant contre toi, inquiet par le ton de sa voix, plus que par ses mots. Tu veux le rassurer sans vraiment savoir pourquoi. Tu finis par le lâcher doucement, tu te recules lentement pour planter ton regard dans le sien, te penchant légèrement pour tenter de se mettre à sa hauteur. qu’est-ce que tu veux dire ? tu le fixes comme pour chercher une réponse dans ses yeux, une réaction qui t’aiderait à mieux comprendre ses paroles. Peut-être que tu as mal interprété ses paroles, tu n’es plus très sûr de parler aussi bien cette langue. Tu reprends en suédois. où sont tes parents ? pourquoi tu es ici ? je ne comprends pas ? ta voix se veut rassurante, tu ne veux pas l’effrayer. Tu finis par le prendre par la main tendrement pour l’attirer au fond de la boutique dans un coin offrant des canapés, endroit un peu caché du reste de la pièce. Tu t’assois et l’attire doucement pour l’inviter à faire de même et l’inciter à te parler.   

Bien sûr qu'il ne comprenait pas pourquoi Asketill était là. Il faudrait lui expliquer. Il lui avait parlé en islandais mais Wyatt lui avait parlé en suédois derrière et Asketill comprit qu'il avait du mal avec sa langue. Et là, il n'aurait pas le choix de lui expliquer. Il connaissait le suédois à cause de sa mère, elle voulait que ses enfants soient capable de communiquer avec sa famille. Lorsqu'il parla de ses parents, les larmes envahirent ses yeux. Il allait devoir en parler, il allait devoir dire la vérité de ce qui sonnait faux aux oreilles d'Aske. Il s'assit à côté de Wyatt et il dit alors en suédois, cette fois-ci: "On m'a adopté.... Jara et Logi n'ont pas voulu de moi.... papa et maman sont morts.... " Les mots prononcés par Asketill le fit trembler. Il ne voulait toujours pas y croire. Il se sentait seul ici, dans cette ville mais là aussi, c'était mentir. Il y avait Brett. Il y avait ses sentiments pour lui mais ça, il ne pouvait en parler à son cousin. Asketill se blottit alors contre son cousin. Peut être que Wyatt pourrait l'aider. Peut être que lui, n'allait pas l'abandonner ici. "Dis moi que tu m'abandonneras pas, toi...." C'était presque une supplication. Il avait du mal à se croire membre de la famille Herondale et que s'il faisait un truc de travers, on le renverrait encore, il ne savait où sur ce continent. Et si son cousin était ici, il pourrait l'aider à s'intégrer. Il pourrait l'aider à ne plus avoir peur.

Tu l’invites à s’asseoir, loin de la foule. Tu veux comprendre, mais une part de toi appréhende sa réponse. Tu ne veux pas savoir si c’est encore une mauvaise nouvelle.  Tu ne sais pas si tu sauras encaisser ce coup-là. Pourtant tu l’incites à te parler, tu sens que quelque chose ne va pas, tu veux l’aider, être là pour lui. Comme personne n’a vraiment été là pour toi, à part ta grand-mère évidemment. Mais elle t’a finalement abandonné à son tour. on m'a adopté.... jara et logi n'ont pas voulu de moi.... papa et maman sont morts.... tu ne t’attendais pas à ça, et ses mots te font l’effet d’une bombe. D’une lame lentement plantée dans ta peau, la brûlant un peu plus eu passage.  Tu ne sais pas trop quelle information est la pire pour toi, mais surtout comment asketill a-t-il vécu tout ça. Tu ne trouves pas les mots pour répondre, tu le fixes un moment. Tu sens tes larmes revenir à la surface. Tu les chasses aussitôt. je suis désolé aske. tu prononces ses mots en suédois, d’une voix faible, presque cassée. Tu as tellement à te faire pardonner, tu n’as pas été là pour lui, tu ne savais même pas que ses parents étaient morts. Tu ignorais que sa famille l’avait rejeté, tu ne comprenais pas surtout. Et si tu avais su, tu l’aurais pris avec toi. Mais tu ne peux pas ressasser le passé. Ce qui est fait est fait. Tu as déjà bien trop regrets. Tu voudrais trouver les bons mots, des paroles réconfortantes mais rien ne vient. Tu sais parfaitement que rien ne pourra soulager ce fardeau, encore moins des mots insignifiants. dis moi que tu m'abandonneras pas, toi.... tu le fixes intensément de nouveau, tes mains tremblants légèrement, alors qu’il se blottit contre toi. Tu poses une main sur ses cheveux, le serrant contre toi à nouveau. je te le promets aske, je serais toujours là pour toi. tes paroles sont sincères et tu a bien l’intention de respecter ta promesse. Mais il y a toujours des questions que tu te poses, des réponses dont tu as besoin. qu’est-ce qui s’est passé exactement ? quand as-tu été adoptés ? pourquoi Jara et Logi ne sont pas avec toi ? tu sais que ça fait beaucoup d’un coup, mais tu veux en savoir plus maintenant que la bombe avait été lancée. Trop de choses ne collaient pas.