Alone with someone else (ft. dominic)

Une cigarette aux lèvres, il scruta l'heure sur sa montre. Habillé sobrement, le prof d'art d'un lycée de la ville ne choquait pas réellement, peu importait sa manière d'être. Le simple fait qu'il soit un artiste semblait suffire à excuser la moindre excentricité qui pourrait venir de lui. Ainsi, c'était devenu la couverture parfaite à ses yeux, tandis qu'il avait fait pas mal d'effort pour gérer ses accès de colère, ne pas trop attirer l'attention sur ses mauvaises manies, sur cette vie dissolue qui était la sienne. Celle qui l'avait vu changer de nom de famille, être rayé de l'existence de son paternel parce qu'il avait eu le malheur d'endosser une culpabilité qui n'était même pas la sienne, pour celui qui était toujours son meilleur ami. Celui qui composait sa nouvelle famille, avec Oona. Elle était comme eux, une garce de première au tempérament de feu qu'il protègerait contre vents et marées, et acculerait sans doute toujours à l'occasion contre un mur. Raisons diverses. Sensations opposées. Elle lui avait toujours rendu ses coups, tenu tête... justification du fait qu'elle ait rejoint le duo devenu depuis un trio. Elle avait donc naturellement vérifié les informations disponibles sur la personne qu'il devait rencontrer aujourd'hui. Au zoo, sur le banc en face de la cage des singes. Il était venu un peu en avance, s'était garé un peu plus haut dans la rue, et là terminait d'aspirer une dernière latte de nicotine avant de pénétrer dans l'univers aseptisé des animaux protégés. Prenant naturellement la direction de la cage en question, les mains dans les poches, l'allure dégagée, jusqu'à finalement s'asseoir, tout en regardant les singes évoluer, et les gamins agglutinés devant la cage pour tenter d'attirer leur attention. C'était presque un spectacle à proprement parler. Presque une scène méritant une grotesque reproduction. Tandis que lui-même ignorait l'identité du contact qu'il devait retrouver, et si la personne en question ne lui convenait pas, il ne dirait pas grand chose et prendrait la poudre d'escampette. Il songeait d'ailleurs à utiliser ce gamin de l'immeuble comme premier intermédiaire lors de ces rencontres, alors qu'il l'utilisait déjà pour livrer quelques trucs à l'occasion. Il sortit son téléphone, faisant glisser son doigt sur l'écran pour envoyer un message à Baby. Son officielle, celle qu'il revenait chercher lorsque tout foirait. Cercle immuable. Comme un trou noir cherchant à avaler toute cette histoire qui semblait prédestinée à éclater. Pourtant, si elle ne revenait pas, c'était lui qui revenait gratter à sa porte comme un chien.