YOU DESERVE AT LEAST A THOUSAND SUNS (VIC)

YOU DESERVE AT LEAST A THOUSAND SUNS
FT. @VIC MENDOZA

« Nom de Zeus… » qu’elle lâche avant de rire de sa propre phrase et d’entraîner Cal dans son sillage qui hausse ostensiblement les sourcils dans sa direction l’air de dire : hm, qui se moque maintenant hein ? L’alcool semble clairement déjà commencer à faire son effet chez Vic et l’écrivain, lui, reconsidère sérieusement sa position de ne pas creuser plus l’humeur de la brune quand il la voit déjà engloutir (oui parce que là concrètement il n’y a pas d’autre mot) son deuxième verre. En l'espace de combien de temps franchement ?
L’idée n’a cependant pas le temps de faire proprement son chemin (meaning, donner l'occasion au bouclé d'agir) que Cal se voit littéralement entraîner par la belle loin de la foule avec comme seule explication « coins sympas admirer la vue » (?). N’empêche que ça finit de le convaincre, l’attitude de son amie est trop étrange pour ne pas la souligner. Et c’est lui qui se saisit en retour de son bras quand il remarque la démarche un peu trop chaloupée de Vic. « Tu veux me dire ce qui ne va pas, réellement ? » Lui lance-t-il immédiatement une fois qu’ils sont à l'arrêt, sans même prendre la peine de jeter un oeil à l'endroit où ils sont ou cette fameuse vue. Il a le regard inquiet et inquisiteur pleinement concentré sur la brune, elle ne s’en sortira pas par une pirouette cette fois. Et il peut être têtu le Cal quand il le décide, vraiment. « Oh et tiens, mange quelque chose, » il ajoute en lui tendant le muffin encore intact qu’il a pris du buffet. « J’ai comme l’impression que ton estomac vide est pas fan de ces deux cocktails. » Qui a dit, mother hen ?

Elle a avalé ses cocktails comme on avale des verres d’eau en période de canicule sévère et cela se ressent. Pourtant, elle supporte l’alcool assez bien en général; peut-être que son humeur a influé sur sa tolérance à la liqueur. Quoi qu’il en soit, elle n’en a pas grand chose à faire; elle se sent bien, là. Légère. Tous les problèmes du monde - du moins les siens - n’ont soudainement plus le même poids. Et le calme qu’elle cherchait tant lui fait un bien fou, elle ferme les yeux pour quelques secondes. Elle ferme les yeux, mais les rouvre quand Cal vient briser le silence. Elle ne répond pas, Vic, pas tout de suite. Elle se contente de porter l’index à ses lèvres, l’ordonne de se taire en murmurant un « shh » qui restera ignoré. Vic attrape le muffin que lui tend son ami, et hausse les épaules à sa dernière réplique. Elle s’assoit lentement, détend ses jambes sur le bitume et prend une bouchée du gâteau, alors que sa main libre tapote le sol pour l’inviter à la rejoindre. « Regarde, c’est pas magnifique? La nuit c’est encore mieux. » Comme une enfant incapable de se contrôler quand il apprécie un aliment, elle mange le muffin sans même prendre le temps de le mâcher correctement. Elle n’a pas à faire attention à quoi que ce soit, devant Cal. Vraiment pas. Elle soupire, se passe un doigt au coin de sa lèvre et regarde droit devant elle. « Je mentais pas tout à l’heure, je suis vraiment épuisée. » Psychologiquement. Elle a toujours les idées claires, il semblerait que l’alcool soit en train de quitter son organisme aussi vite qu’il y a pénétré. « J’ai l’impression de.. » Elle s’arrête, les bons mots ne sortent pas spontanément. « Tu te rends compte que ça fait cinq ans, pile poil, que je suis divorcée? Et j’ai même pas trente ans, c’est quand même fort. » Vic lâche un rire nerveux, secoue la tête à la manière d'une personne confuse. Elle se mord la joue, car jour pour jour il y a des années de cela, elle signait les papiers d’un divorce qu’elle ne souhaitait qu’à moitié.

YOU DESERVE AT LEAST A THOUSAND SUNS
FT. @VIC MENDOZA

Elle hausse les épaules, garde le silence et il continue de la regarder. Il peut juste attendre qu’elle se décide à s’ouvrir à lui et il ne sait pas trop quoi faire avec lui-même sur le moment Cal, il se sent impuissant. Il n’aime vraiment, vraiment pas ça. Qu’est-ce qui peut bien se passer dans son esprit ? Les petits rouages dans celui de l’écrivain tournent à plein régime et quand Vic lui fait signe de venir s’asseoir à ses côtés, il ne se fait pas prier pour obtempérer. « Regarde, c’est pas magnifique? La nuit c’est encore mieux. » Il soupire et ferme les yeux, laissant retomber sa tête en arrière. Mais c’est un bon ami Cal et après quelques instants, il finit par donner satisfaction à Vic et tourne le regard vers la vue qui s’offre à eux. C’est vrai que c’est beau de là-haut, ç’a un goût d’intemporel. Il ne le dit pas, il laisse la brune faire la conversation maintenant, mais hum son acquiescement.
Le silence s’étend pendant que Vic mange le muffin donné un peu plus tôt et l’écrivain intériorise le sourire qui a envie d’étirer ses lèvres. C’est déjà ça de fait, qu’il se dit. Mais l’envie malheureusement ne dure pas plus longtemps. La voix de son amie semble porter le fardeau du monde, ça lui serre le coeur. Il ferait tout pour l’en délester, ne serait-ce qu’un petit peu. Puis tout fait clic quand elle finit de parler, la date, la putain de date. « Vic… » Qu’il souffle. Et par réflexe, il vient passer un bras autour de ses épaules, l’attirer doucement contre lui. « Tu sais que ça veut rien dire tout ça. » Vic c’est l’une des femmes les plus fortes qu’il connaît, et son entourage en est majoritairement constitué, c’est pour dire. C’est une battante, une bosseuse, une mère modèle qui pourrait facilement lui filer des complexes à plusieurs niveaux. Alors il n’accepte pas qu’elle se dénigre elle-même, de quelque façon que ce soit, pas elle, pas comme ça. « J’ai pas de phrase magique, et je vais pas te balancer des banalités sur le fait que la vie est blablabla. » Il essaye de détendre un peu l’atmosphère et puis ça n’a jamais été son truc, Cal, de bercer en platitudes, il ne va pas commencer aujourd’hui.
Il enserre la brune un peu plus, retrouvant un ton un peu plus sérieux. Aucune place au doute quant à sa sincérité. « Moi, ce que je vois, c’est tout ce que tu as accompli justement. Seule et avant tes trente ans. Suffit de voir Amayah ! Tu es prodigieuse Vic. Point à la ligne. » Un divorce ça ne définit absolument rien du tout.

Si elle n’a pas passé la meilleure journée, c’est avant-tout parce qu’elle s’est souvenue de cette date anniversaire, pas des plus gaies. Certes, elle a été éprouvante car les rendez-vous s’enchainaient et le manque de sommeil s’est fait ressentir en plein milieu d’une réunion. Mais ce qui l’a secouée, c’est de s’être rappelée, soudainement, de l’échec de sa vie. Parce c’est de la sorte que Vic considère son mariage et divorce. Les deux ont été catastrophiques, les deux l’ont laissée sur le carreau - émotionnellement parlant. Ils l’ont laissée amère et triste, en colère et impuissante face à sa propre détresse. Alors, pour s’en sortir, la jeune femme s’est concentrée sur son rôle de mère, le rôle de sa vie. Vic soupire. Finalement, le peu d’alcool qu’elle a ingurgité l’aura surtout aidée à s’ouvrir; elle aurait très bien pu refouler ses sentiments, aller se coucher plus tôt en priant pour ne pas se réveiller avant le lendemain. Quand Cal l’entoure de son bras, elle laisse doucement tomber sa tête sur son épaule, son soutien de toujours. Il procède à la rassurer, elle se contente de hausser les épaules. Tout ce qu’il avance, elle le sait et les autres jours de l’année, le doute l’atteint rarement. Mais là, elle ne saurait pointer l’élément déclencheur, mise à part la date, à son mal-être. Elle sourit à ses dire, passe une main dans ses cheveux, et termine le muffin avec l’autre. Vic se redresse légèrement, prend un air faussement surpris, admiratif de sa personne et plisse les lèvres en portant une main à sa poitrine. « Prodigieuse, rien que ça? » Elle rit, même si sa gorge est nouée. « C’est juste que… Evidemment, dix ans plus tôt, je ne m’étais pas imaginée la vie comme ça. » Elle détourne le regard. Elle sait pertinemment que rien ne se passe jamais comme prévu, pourtant. Elle l’a compris de la plus dure des manières. « Heureusement qu’elle est là. Mon bébé qui n’en est plus un, qui crise si j’ose l’appeler comme ça. » Vic rit de plus belle, inspire, alors que ses yeux fixent un building qui se trouve droit devant eux. « Parfois j’ai l’impression qu’elle m’en veut, tu sais? Qu’elle pense que j’ai fait du mal à son connard de père… » Si Vic tente de rester neutre quant à Aiden lorsqu’elle est dans les parages, le reste du temps elle se garde bien de se censurer. Et étrangement, l’insulter se révèle avoir un aspect thérapeutique. « Quand elle claque la porte et me hurle qu’elle me déteste.. C’est certainement stupide, mais je la crois des fois. » La portoricaine secoue la tête, parce qu’elle vient de dire lui parait vraiment, vraiment ridicule.