call 911 (dev)

ce soir là tu avais décidé de sortir, encore. depuis ta fugue, après ta petite période d'hibernation, tes nuits avaient commencées à se transformer en jour et tes journées servaient à reprendre des forces pour les prochaines nuits. pourtant.
trois heures du matin. comme d'habitude la couille molle n'avait pas su tenir jusqu'au bout. entre poudre, comprimés et fumette, ton cœur il avait totalement perdu le rythme de ses battements. la haine, tu avais la haine, contre toi-même ton propre comportement. tu avais tout pour finir comme tes parents, sauf peut-être la copine et le gosse ? en tout cas la toxicomanie tu étais bien dedans et ce sentiment te déplaisais fort. ta seule fierté pour l’instant c’était d’avoir retrouvé ton nouveau domicile et de t’être frayé un chemin jusqu’à ta chambre, tout en fracassant chaque objet se trouvant sur ta route. tu étais amer. amer et exténué. de grosses poches noires s’étaient dessinées sous tes yeux trop écarquillés. ta dégaine à cet instant avait sûrement de quoi effrayer thanos mais tu te sentais tellement tiraillé que tu y trouvais presque un confort, celui de ne pas souffrir d’idées noires. oui parce qu'à cet instant, des idées tu n’en avais aucune. tu espérais seulement que l’on vienne te sauver de toutes ces doses qui descendaient trop lentement dans ton organisme.

dom ? tu te frottes les yeux, encore à moitié endormie. le vacarme t'a réveillée. tu savais qu'il sortait ce soir. tu lui avais dit de faire attention, comme si t'étais sa mère à ce pauvre gosse. au fond, t'es pas toujours certaine qu'il t'écoute. t'es pas toujours certaine de si ça lui importe, ou pas, ce que tu lui dis à ce gamin. mais tu lui dis quand même. juste parce qu'un jour, t'as l'espoir que ça le raisonne et que pour qu'un jour, il fasse quelque chose de bien. bah que vous ne soyez pas bien, là, tous, à hacker et à reproduire des originaux. mais tu le sais, dev, que c'est pas une vie. c'est un échappatoire à la vie. et t'es pas certaine de savoir combien de temps ça va durer. t'as pas envie que dom, il finisse sans rien. c'est un gosse bien. d'ailleurs, le gosse bien, il passe devant toi, carrément défoncé. il te remarque même pas. tu le vois tituber jusqu'à sa chambre, à deux doigts de se péter la gueule. tu soupires, mais tu te précipites quand même près de lui. c'est plus fort que toi, tu peux pas le laisser comme ça. t'aurais probablement fait la même chose pour n'importe quel membre du groupe, mais dom, c'est différent. t'aimes pas le voir comme ça. tu veux pas le voir comme ça. ça te brise le cœur. dom te brise le cœur. tu l'empoignes par le bras. dom, putain ! tu prends ses joues dans ta main pour forcer le contact visuel. t'as l'impression qu'il te voit pas. t'as l'impression qu'il est ailleurs. on pourrait se dire que c'est normal qu'un gamin de son âge abuse de substance, une fois de temps en temps, pour rigoler. sauf que pour ton petit dom, t'es pas certaine que ça soit ça. t'as peur que ça soit plus grave, qu'il soit retombé dedans. tu l'as répété à personne, ce que dom t'a dit, entre deux baissements des yeux trop honteux. t'as rien dit parce que ça regarde pas les autres. ça regarde que lui. mais depuis ça, et même avant ça, tu te sens responsable pour dominic. t'es pas sa mère. t'es même pas sa soeur, ni sa cousine. mais putain, t'y tiens à ce gamin. alors tu le traînes jusqu'à ta salle-de-bain. enfin, t'essaies, il est pas léger le gosse. merde, dom, si tu pouvais coopérer un peu ... tu veux lui faire prendre une douche froide. tu veux le réveiller, le secouer. tu veux qu'il retrouve cette lueur de vie dans ses yeux qui, là, tout de suite, te semblent vide de sens.

tu sens un truc qui te saisis le bras, puis les joues et honnêtement tu espères que ce soit la faucheuse qui soit enfin venue mettre fin à tout ce cirque. sauf que ta faucheuse elle a une voix que tu reconnaitrais entre milles, la voix de devon. elle a le pouvoir de te réchauffer le cœur de façon instantanée mais aïe… elle doit être encore plus déçue de toi que tu ne l’es toi-même. tu le sais bien qu’elle aimerait te voir entrain de vendre des glaces, essuyer des carreaux, ou encore mieux derrière un des bureaux luxueux du 555. alors ça te fait un peu mal pour elle, de débarquer comme ça, en plein milieu de la fête même avant que les oiseaux du matin n’aient chantés, amoché comme jamais, les sens affolés. bref, tout ça n’améliore vraiment pas ton cas. merde, dom, si tu pouvais coopérer un peu. t’ouvres bien les yeux, tu comprends pas vraiment ce qu’il se passe, mais elle te touche et t’aimes bien ça, t’en profite pour la prendre dans tes bras. un câlin censé être petit, dont tu as du mal à te défaire maintenant, qui devient long, trop long. en vrai t’as pas assez d’énergie pour décoller et il y a sa chaleur particulière… sans doute un truc de femmes. et toi qui pues l’alcool, la pauvre.  DESOOOO-LEEE… désolé dev. la voix cassante, tu souffles dans le creux de son oreille. t’as presque envie de chialer là mais tu vas pas le faire, tu concentres le peu de self-control qu’il te reste pour te détacher finalement. quand tes yeux croisent les siens, t’esquisses un sourire mais il veut pas te coller à la peau, ça fonctionne pas. t’as pas d’autres choix que d’obtempérer. ça se passe trop vite pour que tu suives, mais en un rien de temps, tu te retrouves presque à poil, aspergé de partout. l’eau est glaciale, ça te fait frissonner mais c’est bon. pendant quelques secondes tu as même l’impression de retrouver tes sens mais ce n’est qu’une illusion. dès que le jet d’eau s’arrête tu te rues dans la chambre et t’enroules directement dans ta couette avec ton slip mouillé. je me sens pas bien là … sans blagues ? viens… reste avec moi. même pas besoin de demander car tu le sais qu’elle t’adore et que de toute façon elle serait restée avec toi. pourtant tu avais peur qu’en clignant des yeux tout s’éteigne et que tu sois alors responsable de la fin du monde… de ton monde. finalement avais-tu peur de mourir ? j’ai besoin d’eau… s’il te plaît de l’eau.

il se colle à toi, dom. et si la situation te faisait pas autant flipper, tu te serais laissé aller dans le câlin. mais t'as pas le temps, là. il s'excuse. mais t'en as rien à foutre de ses excuses. tu te promets mentalement que tu le frapperas plus tard dans la journée, quand il aura une bonne gueule de bois. t'arrives enfin dans ta salle de bain et tu désapes le gamin avant de le jeter sous l'eau froide. tu laisses l'eau couler. et tu te demandes ce qu'il fout en soirée. tu te demandes à quoi il pense en soirée. tu te demandes même si c'est justifié de t'inquiéter autant. il va te rendre malade un jour, dom. il va te faire péter un câble. mais tu sais que s'il est plus là, à ce moment-là aussi, tu péteras un câble. t'arrêtes la douche et t'as même pas le temps de lui tendre une serviette qu'il se met à courir. tu lèves les yeux au ciel. ce gamin de merde. encore heureux que sa chambre ne se trouve pas trop loin de la tienne. à tous les coups, s'il avait du traverser toute la villa, il aurait trouvé un moyen pour se casser les deux jambes, t'en es sûre. tu rentres dans sa chambre, la serviette à la main. il se sent pas bien, qu'il te dit. tu soupires. pourquoi tu t'inquiètes autant, dev. il va bien, ce gosse, il te raconte de la merde, ce gosse. tout va bien. tu t'approches de son lit et tu tires la couverture, histoire de le couvrir avec la serviette. pas sûre que ça aie encore une utilité, à ce point, mais bon. tu remets la couette par dessus et tu t'installes juste à côté de lui. tu m'fatigues, dom. tu le regardes, couchée sur le flanc. t'sais pas ce que t'aurais fait, s'il était pas rentré intact ce soir. ou pire, tu sais pas c'que t'aurais fait si une paire de flics étaient venus pour te demander d'identifier le corps de dominic wave. t'as pas le droit de me faire des frayeurs comme ça. tu lui pinces sa joue gauche. sale mioche. tu soupires, encore. tu le regardes toujours, dom, en silence. t'attends qu'il s'endorme pour retourner dans ta chambre. t'as encore l'espoir qu'il finisse bien. tu veux qu'il finisse bien. finir artiste raté qui vend des faux, comme toi, dev, c'est nul. ça n'a aucun mérite. parce que même si les tableaux se vendent et à prix fort, c'est pas tes œuvres, pas tes toiles, pas vraiment ton âme qu'on retrouve. t'as l'impression de te perdre entre tes tableaux et les leurs. et tu sais que dom divague déjà assez et qu'il a pas besoin de s'enfoncer plus vers les abysses. t'aimerais l'aider à garder la tête hors de l'eau, comme une bouée. mais t'arrives déjà pas à te sortir de l'eau toute seule, t'sais pas comment tu vas gérer deux personnes. il brise le silence. il te demande de l'eau. tu grognes. tu fais chier, putain. t'aurais pu le demander avant que j'sois installée ! mais tu te lèves quand même. parce que c'est dom.

devon c’est un peu ton ange gardien, surtout ta mère poule mais ange gardien ça sonne mieux. sa présence te rassure énormément, c’est dingue, grâce à elle t’arrive à te sentir normal mais surtout plus ou moins à l’aise, ce qui n’est généralement pas le cas. en même temps c’est une petite terreur dans un corps de femme donc forcément tu te sens en sécurité. elle t’insulte et te pince la joue, tu souris même si tu comprends pas vraiment ce qu’il se passe. tu te dis que tu n'aurais pas eu de parents pour t’enterrer si tu étais mort ce soir et à tes proches tu n’aurais même pas donné deux semaines pour t’oublier. cette pensée t’agace. devon grogne dans sa barbe et s’en va, toi tu t’enroules dans ta couette et savoure tant bien que de mal ta descente aux enfers. à son retour, tu t’es débarrassé de la couette et tu transpires à grosses gouttes. quelle frayeur ? je n’ai rien et je vais bien maintenant. j'ai juste un peu trop bu ce soir. ta voix tremblote tellement tu dis pas la vérité. tu te sens vidé. tu prends l’eau qu’elle t’a ramené et avale une trop grande quantité d’un trait avant de te lever du lit tant bien que de mal pour enfiler un t-shirt noir qui trainait dans le coin du mur. tu te sens déjà reprendre des forces alors tu fonces vers devon et commences à la chatouiller. tout simplement parce que t’as pas envie d’être comme une loque devant elle pour une énième fois. surtout t'aimes bien ça quand elle rit à gorge à déployée, ça te fait du bien mais tu sais pas comment faire, pour l’heure ton sens de l’humour n’est pas très open... ça te dérange pas si j’allume un joint ? nuitblanchemardiconfession ça te dit ? tu sais pas trop ce que tu racontes en vrai t’as juste plus envie de dormir, pourtant tu devrais.