LOLITA - stressed out.

STRESSED OUT.
I was told when I get older all my fears would shrink,
But now I’m insecure and I care what people think.

Pouvoir remettre sa blouse au vestiaire, battre le pavé à coups de pas pressés. Telle était l’habitude de Ariadna lorsqu’elle sortait du boulot. Elle adorait son job, elle pourrait y passer des journées entières sans cesser, mais le moment où elle pouvait respirer de nouveau l’air frais de l’extérieur était toujours un plaisir particulier. Libérateur, presque prometteur. La nuit était tombée depuis de bonnes heures désormais et c’était le bruit des bars qui accompagnèrent la jeune femme jusque sa voiture. Sans plus attendre, elle prit la direction de son appartement. Les lumières éteintes, ce fut presque avec un sourire attendri qu’elle pensait sa fille endormie, paisible - chose plutôt rare ces derniers temps. Oh, doux rêve, belle illusion. C’était surtout ce qu’elle aurait aimé trouver, une belle aux bois dormants. Cependant, aucune trace de Loelia dans tout l’appartement après en avoir fait deux fois le tour. « C’est pas possible sérieux… » Autant, il y avait tout un côté de la jeune femme qui faisait qu’elle savait être douce, attentionnée. Elle savait donner de l’amour à revendre quand les circonstances s’y prêtaient allègrement. Mais d’un autre côté, son sang chaud ne mettait jamais tant de temps à refaire surface. La faute aux origines, qu’elle plaide coupable de temps à autres. Mais Ariadna ne pouvait pas nier le fait que la panique commençait à l’envahir quelque peu. Un appel, et un deuxième. Peut-être même dix appels d’affilés - elle avait arrêté de compter. Sa fille qui ne répondait pas et son sang qui bouillait de plus en plus à l’intérieur. La panique à laquelle elle ne devait surtout pas céder, mais la pulsion fut trop grande pour être maitrisée en revanche. Elle ne mit pas longtemps avant d’être dans sa voiture à parcourir les rues pour se rendre là où l’évidence semblait être même. Lolita devait surement dormir à cette heure là, mais ça l’importait peu à dire vrai. Elle se devait de faire quelque-chose pour apaiser la situation et surtout trouver réponse. Peut-être qu’elle ne regarderait pas du bon côté, mais au moins elle évincerait une possibilité. « Lolita ! » Un doigt appuyé en continu sur la sonnette pendant que son autre poing ne s’arrêtait pas de taper contre le bois de la porte. Si ça continuait, elle allait devoir payer les frais de réparateur à sa soeur - mais ça l’importait plus. Elle se devait d’avoir le coeur net et de savoir que Loelia se trouvait ici. Ce n’était pas la première fois qu’elle décidait que passait la nuit chez sa tante était plus intéressant que chez sa propre mère. Le genre de comportement qui restait en travers de la gorge de la jeune femme.

stressed out

Ce soir, Lola, tu avais attendu ton mari presque la moitié de la nuit. Ou en tout cas, une bonne partie. Ses réunions devenaient infernales. Plus monsieur avait de l’ambition, plus il rentrait tard … et moins tu le voyais. T’étais pas irréprochable, loin de là, t’étais même carrément condamnable avec tout ce que tu faisais dans son dos. Mais même si tu voulais lui parler, ça en devenait parfois compliqué. Mais tu détestais être seule, le soir, dans ta grande villa. T’avais jamais eu l’habitude de l’être, seule. Dans la famille Nieves, il y avait toujours eu quelqu’un avec toi, vous étiez si nombreux. Ici, tout était si vide quand Alex n’était pas là. Parfois, la maison s’égayait de quelques cris, surtout quand la petite Loelia débarquait avec son sourire, sa joie de vivre, ses conneries. Ouais, elle était certainement plus souvent ici que chez sa mère et tu savais que ça avait le don de l’agacer. Mais qu’est ce que t’en pouvais, toi, si sa gamine avait choisi de se sentir mieux ici ? Toi, t’étais la douceur incarnée, Lola. Tu écoutais, tu jugeais pas. Puis t’en avais vu tellement, toi, que t’avais du mal à voir comment Loelia pourrait faire pire. T’adorais quand elle était là mais tu savais bien que t’étais pas sa mère et qu’il fallait bien qu’elle rentre chez elle, parfois. T’avais fini par t’endormir, ce soir là, contre un mari épuisé. Puis, réveil en sursaut. Ta sonnette stridente raisonnant dans toute la maison. T’entends ta sœur d’ici hurler ton nom. Ouais, ta grande sœur, tu reconnaitrais sa voix entre mille. Sûrement parce qu’elle avait déjà des milliers de fois crié « Lolita » comme ça, et parce qu’il n’y avait bien qu’elle pour t’appeler toujours «  Lolita », pendant que les autres t’appelaient le plus souvent Lola. « Dors, je m’en occupe. » Tu glisses à ton mari. Valait mieux que ce soit toi que lui qui descende, pour tout le monde. T’enfiles un peignoir en satin au dessus de ta nuisette et tu descends, vite. T’es un peu en panique à ce moment là, t’espères que rien de grave ne soit arrivé. Tu vois pas ce que ta sœur vient foutre là à cette heure-ci, en pleine nuit, si c’était pas pour une urgence. « Qu’est ce qui se passe ? il est arrivé quelque chose ?  » T’es inquiète en lui ouvrant la porte, presque aussi paniquée qu’elle. Tu t’attendais à une bombe, et t’allais sans doute être déçue d’apprendre qu’Ariadna ne faisait que chercher sa fille, et s’était mise en tête qu’elle était là, chez toi. « Rentre et arrête d’hurler comme ça, c’était moi ou tout le quartier que tu voulais réveiller ?  » Tu disais ça d’une voix des plus douces, parce que t’étais pas du genre à chercher le conflit, mais tes relations avec ta sœur avaient toujours été compliquées, tendues. Et ça ne semblait pas s’arranger avec le temps, ni avec ton mariage qu’elle trouvait bidon.

STRESSED OUT.
I was told when I get older all my fears would shrink,
But now I’m insecure and I care what people think.

Le stress montant à une vitesse affolante, les secondes avant que sa soeur ne daigne lui ouvrir la porte parurent une éternité à Ariadna. Un lent supplice. Surtout que ce n’était pas réellement le genre de la jeune femme de venir frapper à une heure si tardive à la porte de Lolita. Elle faisait partie des personnes qui préféraient s’annoncer avant d’entrer. « Qu’est ce qui se passe ? il est arrivé quelque chose ?  » Le soulagement fut directement visible sur le visage  de la jeune femme lorsque la porte vint à s’ouvrir. Elle allait pouvoir obtenir des réponses rapidement, soulager sa conscience, faire ralentir son coeur. « Rentre et arrête d’hurler comme ça, c’était moi ou tout le quartier que tu voulais réveiller ?  » Elle leva les yeux au ciel, prenant une grande inspiration avant d’entrer au sein de la maison de sa soeur. « Pour plus tard les blagues Lolita. » Elle savait être froide et directe quand il le fallait, et les circonstances étaient de mise pour qu’elle en vienne à une telle attitude. Ariadna ne fit cependant que quelques pas dans la maison avant de se tourner de nouveau vers sa soeur. Elle ne voulait pas perdre mille ans et passer par quatre chemins, les réponses en premier, viendraient les discussions par la suite. « Loelia est pas à la maison. » Et pourtant, ce n’était pas faute d’avoir cherché - elle en était même arrivée à regarder dans les placards de chambre pour être sûre que ce n’était pas un vulgaire cache-cache enfantin tourné au ridicule pour elle. Parce-que Loelia était professionnelle pour la tourner en bourrique et lui en faire voir de toutes les couleurs. « Dis moi dans quelle chambre elle s’est planquée que j’aille la chercher. » Ariadna savait qu’elle n’avait pas toujours été la meilleure des mères, loin de là. La petite était arrivée bien trop tôt dans sa vie, alors qu’elle n’y était pas du tout préparée. Et malgré tout l’amour qu’elle lui portait, les choses n’étaient pas allée vraiment en s’arrangeant avec les années. « Je sais que c’est pas la première fois qu’elle fait ça, mais d’habitude l’une de vous à au moins la décence de me prévenir. » La jeune femme vint croiser ses bras sur sa poitrine, attendant une réponse de la part de sa cadette. Mine de rien, la voir en face d’elle lui faisait du bien, lui procurait un brin de réassurance.

stressed out

Ce n’était pas une habitude qu’Ariadna vienne en pleine nuit chez qui que ce soit.  Sans doute encore moins chez toi car vos relations n’étaient pas toujours au beau fixe. Bien sûr, comme toutes les sœurs Nieves, vous vous entendiez tout de même bien, vous vous voyiez tous les dimanches lors des repas de famille. Néanmoins, certaines choses vous séparez, et ton récent mariage n’arrangeait pas les choses. Ariadna te trouvait opportuniste, arriviste, comme si ton mariage avec Alexander n’avait de rapport qu’avec son argent, son métier de politicien, son peut-être futur rôle de maire de la ville. Et toi tu savais pas vraiment quoi répondre à tout ça. Même si c’était faux, même si tu te foutais de son argent, tu te plaisais tout de même dans le luxe qu’il t’offrait et pourtant, ça ne t’empêchait pas de le tromper. M’enfin ça Ariadna, elle ne le savait pas – et il valait mieux qu’elle ne l’apprenne jamais, pour toi, pour ton couple, et pour votre fratrie. Il n’y avait de toute façon que Toni qui savait réellement tout ça, qui te comprenait, mieux que personne d’autre. Bref, le vienne qu’elle vienne débarquer chez toi en pleine nuit de te mettait pas si en colère que ça, mais être réveillé par des hurlements et des coups contre la porte, c’était pas forcément agréable – surtout quand tu t’étais endormie à peine une heure plus tôt. Elle finit par te dire que sa fille n’est pas chez elle, ce qui ne t’étonne pas plus que ça, parce que Loelia à l’air d’éviter constamment sa mère, et sa maison. Sans doute pour ça qu’elle est si souvent fourrée chez toi. « Et tu ne pouvais pas m’appeler au lieu de venir jusqu’ici en pleine nuit, hurler et essayer de détruire ma porte ? » Tu lèves les yeux au ciel, t’as envie de rire mais en fait – tu ne peux pas, parce que ta sœur a l’air plutôt remonté. D’un côté tu comprends, parce que sa fille est plutôt incontrôlable ces derniers temps. Tu ne sais pas tout, y’a sans doute des choses qu’elle ne te raconte pas, mais tu sais qu’elle aime bien sortir, qu’elle aime bien faire tourner Ari en bourrique. Tu ne sais pas comment tu réagirais, si c’était toi sa mère, sans doute que tu n’aimerais pas non plus que ta fille soit plus souvent chez sa tante que chez toi. Sans doute que ça te rendrait folle de jalousie. Alors d’un côté, tu comprenais Ari, mais d’un autre, t’aimais tellement ta nièce que si elle se sentait bien chez toi, elle pouvait y rester le temps qu’elle le voudrait. « Je n’ai pas eu la décence de te prévenir pour la simple et bonne raison que ta fille n’est pas là.  » Tu dis d’un ton calme. Tu sais pas si ça lui suffira de dire ça, mais t’avais pas spécialement envie de courir dans toute la maison pour lui prouver. D’accord, Lo avait les clés, mais elle venait toujours te voir quand elle rentrait. Tu la voyais pas aller dans la chambre en douce et ne prévenir ni toi ni ta mère. « M’enfin si t’as envie de monter vérifier si ta fille n’est pas cachée dans l’une des chambres fais toi plaisir, mais évite de faire claquer tes talons partout, Alex dort. Ou plutôt essaie de dormir. Au cas où tu avais oublié que je ne vivais pas seule ici. » Grand sourire hypocrite sur ton visage. Tu te demandes si elle va vraiment monter, et fouiller. T’as hâte de voir ça, parce que tu sais très bien que Lo n’est pas là.

@Ariadna Nieves

STRESSED OUT.
I was told when I get older all my fears would shrink,
But now I’m insecure and I care what people think.

« Et tu ne pouvais pas m’appeler au lieu de venir jusqu’ici en pleine nuit, hurler et essayer de détruire ma porte ? » Ariadna n’en avait que faire des protestations de sa soeur - car elle avait la concentration ailleurs et ne pouvait pas la dupliquer pour s’arrêter un instant sur le sarcasme dont Lolita faisait preuve. Ce qui l’important, c’était de savoir que sa fille aillait bien. Savoir qu’elle était chez sa soeur lui brisait le coeur, mais au moins elle était avec quelqu’un qu’elle connaissait et en qui Aria pouvait avoir confiance. « Je n’ai pas eu la décence de te prévenir pour la simple et bonne raison que ta fille n’est pas là. » La jeune femme avait fini par reporter son attention sur les dires de sa soeur, tournant la tête lentement vers cette dernière. Ce qu’elle venait d’entendre ne lui plaisait pas - et lui paraissait que peu crédible. Depuis quand Loelia irait ailleurs qu’ici, pour s’échapper de sa propre maison ? « A d’autres, Lolita. Joue pas avec moi s’il te plait. » Son ton était à la fois sérieux, comme elle avait depuis qu’elle avait commencé à frapper du poing contre le dos de la porte, mais en même temps suppliant. Car elle voulait que sa soeur ait tord pour pouvoir être réassurée, pour se sentir le coeur presque un peu plus léger. « M’enfin si t’as envie de monter vérifier si ta fille n’est pas cachée dans l’une des chambres fais toi plaisir, mais évite de faire claquer tes talons partout, Alex dort. Ou plutôt essaie de dormir. Au cas où tu avais oublié que je ne vivais pas seule ici. » Pinçant des lèvres, Ariadna ne se gêna pas pour confronter le regard de sa soeur un instant. Ce n’était pas la plus turbulente des Nieves, Lolita, mais elle n’avait pas échappé à la règle d’être une vraie latino dans le sang. Ariadna ne s’était jamais caché d’avoir un tempérament qu’à moitié contrôlé, mais cette fois ci, elle finit simplement par soupirer. Cela aurait été ridicule que de se mettre à courir dans toutes la maison pour aller fouiller la moindre cachette, le moindre recoin. Il fallait qu’elle fasse confiance à sa soeur sur cette fois - et qu’elle prenne pour acquis que non seulement Loelia s’autorisait à sortir en douce, mais qu’en plus elle n’avait même plus la décence de le faire chez des gens qu’Ariadna connaissait. Soupirant, elle finit par aller se laisser tomber sur le canapé, venant plonger son visage dans ses mains. « Mais pourquoi sérieusement ? » Elle parlait autant à sa soeur qu’à elle-même, ayant mis de côté pour l’instant la remarque de Lolita sur le fait qu’elle ne vivait pas seule - pourtant, en temps normal, elle ne loupait aucune occasion pour l’attaquer. « T’as pas une idée d’où elle pourrait être ? Ou au moins tu pourrais peut-être tenter de l’appeler pour savoir si elle va bien ? » Malgré tout ce qu’il s’était passé, Ariadna restait une vraie mère poule.

stressed out

« A d’autres, Lolita. Joue pas avec moi s’il te plait. » T’adorais Loelia. T’adorais ta sœur. Elles étaient ta famille. Mais tes relations avec  Ari étaient compliquées, trop. Tu savais que ça lui faisait mal au cœur que sa fille se pointe sans arrêt chez toi. Qu’elle découche pour dormir dans ta chambre d’amie. Qu’elle te confie ce qui lui arrive à toi, et pas à elle. Mais qu’est ce que tu pouvais bien faire, toi Lolita ? Cette gamine te touchait, tu l’adorais, et tu te voyais mal la renvoyer si elle avait besoin de toi. T’étais sa tante, pas sa mère, et c’était sans doute ça qui rendait votre relation beaucoup plus simple. Elle osait te parler, chose qui était sans doute plus compliquée avec Ari. Puis t’avais fait tellement de conneries Lola, t’avais pas l’impression que Loelia puisse en faire autant, tomber sur autant de ratés que toi. T’avais pas l’impression qu’on pouvait faire pire, que toi. « ari, tu crois vraiment que je te mentirai ? c’est ta fille. » et t’avais aucun droit sur elle, jamais tu ne choisirais quoi que ce soit à la place de sa mère, jamais tu prendrais sa place, tout court. Tu ne voulais pas d’enfant avec Alex, est-ce que c’était vraiment pour prendre sous ton aile celle de ta sœur ? peut-être que t’en avais déjà assez à gérer, justement. Mais c’était la fille d’Ari, pas la tienne. Et même si elle n’avait pas toujours fait les bons choix, Ari aimait Loelia, et tu le savais. Jamais tu ne te mettrais en travers ça. « et puis à quoi ça me servirait, de te mentir, à part à m’attirer tes foudres ?  » tu lèves les yeux vers elle.   « enfin elles sont déjà plus ou moins en train de s’abattre sur moi. » tu souris pour la taquiner. T’aimais pas vraiment les conflits, Lola, tu les évitais toujours plus ou moins. Tu pouvais riposter mais avec la plupart de tes sœurs, tu savais que c’était peine perdue. T’aurais pas le dernier mot. Encore moins avec l’aînée. « Mais pourquoi sérieusement ? […] T’as pas une idée d’où elle pourrait être ? Ou au moins tu pourrais peut-être tenter de l’appeler pour savoir si elle va bien ? »» tu t’approches de ta sœur, à ses côtés sur le canapé. Ça te fait quelque chose de la voix comme ça. Ari toujours aussi forte. C’était toi, la sœur qui craquait, la sœur un peu détraquée. Ariadna c’était la puissance, la femme infaillible. « je vais l’appeler mais à cette heure-ci … » La nuit était déjà bien entamée, et t’avais bien peur que votre petite protégée soit déjà endormie, quelque part dans un lit, avec une de ses copines par exemple. Tu ne doutais pas qu’elle aille bien mais tu doutais qu’elle te réponde à quatre heures du matin. Tu te lèves, attrapes ton téléphone. Ça sonne. Une, deux, trois. Messagerie. Comme si tu t’y attendais pas. tu laisses un message, qu’elle rappelle dès qu’elle l’entend. Peut-être que la sonnerie l’aura réveillé et qu’elle rappellera avant le petit matin. Sinon t’étais partie pour attendre là avec Ariadna. « elle doit déjà dormir, tu sais. Sans doute chez une copine. Elle m’avait vaguement parlé  d’une soirée avec des filles de sa classe, elle a juste du s’endormir avant d’avoir le temps de te prévenir. » s’endormir parce qu’elle avait trop bu, peut-être. Mais tu tais cette pensée, qui ne plairait sans doute pas à ta sœur. Ta nièce était encore jeune, mais elle commençait déjà à jouer la grande, plus ou moins d’ailleurs pour agacer sa mère, et pour prendre la liberté dont beaucoup de jeunes avaient aujourd’hui envie, besoin. Un peu comme un bol d’air.

@Ariadna Nieves

STRESSED OUT.
I was told when I get older all my fears would shrink,
But now I’m insecure and I care what people think.

« Ari, tu crois vraiment que je te mentirai ? C’est ta fille. » Ariadna savait bien que c’était sa fille, c’était ça le problème de toute l’histoire. Depuis qu’elle était venue au monde, elle se bataillait à ce propos. Et le fait que Loelia soit en âge de rébellion, en âge où on voudrait pouvoir en faire qu’à sa tête n’était pas dans la situation. « Et puis à quoi ça me servirait, de te mentir, à part à m’attirer tes foudres ? Enfin elles sont déjà plus ou moins en train de s’abattre sur moi. » Le petit sourire apaisant, tout sauf provoquant de sa soeur eut le don de la calmer un instant. Et pendant cette fraction de seconde, Ariadna put se rendre compte réellement de la situation. Elle avait dépassé les bordes, pour sûr; à venir et à être à deux menacer sa soeur pour quelque-chose dont elle n’était absolument pas responsable. Elle se sentait mal, désormais. Son coeur se laissant remplir d’émotions toutes bien étranges et distinctes. Mais c’était l’inquiétude, bien sûr, qui dominait toujours. Savoir où se trouvait sa fille, était la priorité. Alors, elle implora presque Lolita de l’appeler elle, voir si elle répondrait peut-être davantage si c’était sa tante et non sa mère qui l’appelait. « Je vais l’appeler mais à cette heure-ci … » Même si elle n’était pas convaincue par l’idée de sa soeur, Lolita se leva pour attraper son téléphone, composer le numéro de Loelia - mais sans retour. Elle entendit au loin qu’elle marmonnait quelques mots, surement au répondeur, et un nouveau soupire s’arracha de la gorge d’Ariadna. « Elle doit déjà dormir, tu sais. Sans doute chez une copine. Elle m’avait vaguement parlé  d’une soirée avec des filles de sa classe, elle a juste du s’endormir avant d’avoir le temps de te prévenir. » Un petit rire attristé prit part à la conversation côté Ariadna, un instant, avant qu’elle ne retourne son regard vers sa soeur. « Depuis quand elle me prévient, hein ? » Mais au moins, lorsqu’elle était à la limite de la harceler pour avoir des nouvelles, Loelia finissait par répondre. Un petit quelque-chose, presque rien; mais c’était suffisant pour panser le coeur effrayé de la jeune femme. « Je rêve d’un monde où ma propre fille n’a plus peur de simplement m’appeler maman… » Parce-qu’il était tard, parce-qu’elle avait mal et que cet épisode de stress et d’adrénaline l’avait secoué, elle se confiait. Un peu. Et c’était plutôt chose inhabituelle auprès de Lolita. Des jumelles, Ariadna était plus proche d’Alma. Mais ce soir, c’était Lolita qui était à ses côtés - et elle avait besoin de soulager son coeur, soulager son esprit. « On était comme ça, avec les parents, nous ? »