Welcome home (MAD)

Au milieu des cartons, tu soupires. Une nouvelle vie à beau commencer ici, sous tes yeux, dans ce pas très grand mais spacieux studio, tu regrettes sincèrement de te retrouver ici toute seule. Ta soeur te l'a bien fait comprendre. Pas de place à sa colocation. Tu te vois mal t'incruster malgré tout avec toutes les affaires qu'il te faut. La question s'impose d'ailleursun très rapide instant dans ta tête : comment vas-tu faire pour faire rentrer tout ça dans cet endroit ? Ta chambre n'était guère plus grande, faut même dire que tu as carrément gagné en espace, c'est vrai. Mais tu as récolté quelques meubles en chemin, et tu sais d'avance que tu vas devoir jeter quelques affaires. Mais attention, pas tes cours ! Tu te vois bien te retrouver comme une idiote devant tes examens de fin de semestre sans te rappeler ce que vous avez fait parce que tu as jeté les mauvais papiers. Tout toi ! Mais non, là, tu profites d'un nouveau départ où tu te prends pas trop la tête. À quelques mètres de chez ta soeur, assez rapide pour qu'elle vienne en cas de besoin, ou que tu ailles la voir si c'est toi qui as besoin d'aller l'embêter - le plus probable de ces deux cas de figure - pas très loin en voiture et en transports en commun. Rien qui ne te tracasse trop. Et en plus, tu te prends tellement peu la tête que c'est tes parents qui te paie l'appartement ! Enfin... ce studio, parce que parler d'appartement, n'exagérons rien non plus. Autrement dit, une indépendance complète, même vis à vis de ton bailleur. Bien sûr, quand tu auras les moyens de t'assumer autrement qu'avec une bourse qui ne rembourse même pas un tiers par an de ce que tu dépenses au semestre... difficile. Mais les crédits sont là pour ça non ?

Tu déballes vaguement quelques cartons pour ranger le gros quand tu tombes sur un album photo, rangé au mauvais endroit. Tu te tournes vers ta soeur. Mad, tu peux toujours compter sur elle. Et même quand t'oublies qu'elle est là, elle est toujours là. C'est pour ça que tu l'aimes, tu te prends pas la tête non plus avec elle, ou alors très rarement. Et là, si le déballage va vite, c'est seulement grâce à elle, et ça t'arrange. Parce qu'elle est méthodique, et que toi pas. Tu lui souris en tendant l'album photo que tu as reconnu comme ne t'appartenant pas.

- Tiens, je crois que c'est à toi... tu as dû l'oublier chez papa et maman, et je l'ai sans doute embarqué par erreur... Ou plutôt, tu l'as pris avant que ta soeur ne s'en aille et tu ne lui as jamais rendu. Ouais, comme ça c'est correct.

Le voilà venu, le temps de l'indépendance de Pomme ma petite soeur. Je lui ai promis de l'aider à déménager dans l'appart que mes parents lui paye généreusement. Ca fait bizarre de voir ma petite soeur si autonome, même après mon départ de la maison, j'ai toujours gardé contact avec elle, je serai toujours là pour elle quoiqu'il arrive. C'est la personbe qui compte le plus dans ma vie.
"Avoues que tu me l'as volé ?!"
Dis je en souriant lorsqu'elle me montre un album photo m'appartenant. Je le feuillette tout en disant.
"Ecoute princesse, si jamais dans cet appart t'as pas le moral, ou si tu veux simplement passé du temps avec ta grande soeur chérie, hesites pas à passer à la coloc'. Tu y sera toujour la bienvenue. Oh purée c'est quoi cette tête que j'avais avant ?!"

Ca te fait un peu bizarre d'être là dans ce qui est désormais ton nouveau chez toi. Rien qu'à toi. On a beau penser que t'es un peu trop jeune, c'est le compromis idéal pour tes parents. Tu voulais t'émanciper et ça leur plaisait pas. Résultat, le compromis c'est ton indépendance, leur participation, et des nouvelles régulières données par ta soeur. Si ça ne leur suffit pas, ils feront avec après tout. T'es pas du genre à te préoccuper de si peu. Et puis, au moins, tu auras un vrai endroit rien qu'à toi pour réviser tes partiels qui ne vont d'ailleurs pas tarder à tomber. En attendant, tu défais tes cartons pour retrouver tes notes au plus vite.

Devant l'album photo de ta soeur, tu te tâtes un instant à le lui rendre. Tu adores les photos qu'il y a dedans et tu pourrais passer des heures rien qu'à les regarder. Tu les adores tellement... Les souvenirs qu'ils te rappellent, ça te donne l'impression que rien n'a changé. Tu n'es pas nostalgique à ce point, mais ça te manque de ne pas être tout le temps avec ta soeur, de ne pas te disputer avec elle parce qu'elle a pas voulu que tu prennes sa robe fétiche pour que tu puisses sortir puis que tu la lui as piqué en douce... bref. Tu es ici toute seule, et tu l'as voulu, c'est comme ça.

- Je n'avoue rien du tout. Il était dans mes affaires, c'est tout. Un sourire sur le visage, c'est justement ce que tu as fait, là, tout de suite. Avouer. Je vais pas passer à chaque fois... sinon, ça sert à rien qu'ils paient cet appart... Personne ne sait vraiment pourquoi, mais t'es un peu fâchée avec tes parents. Ce qui ne les empêche pas de débourser pour toi. T'as la rancune facile avec eux, et même malgré ça, tu ne leur souhaites pas de se ruiner pour rien.

Je m'aperçois que Pomme, n'est plus une petite fille, et j'ai du mal à la voir de cette manière. Pour elle sera toujours ma petite poupée. Ma sœur c'est la prunelle de mes yeux. Je ne vois pas ma vie loin d'elle, j'ai besoin de sa présence dans ma vie. Et je sais que c'est la même chose de son côté. Je le vois grâce à cet album photo, qu'elle ma piqué.
"Tiens, garde le ! Et promis, on s'en fera pleins d'autres des souvenirs..."
Quand elle me parle des parents et du fait qu'elle ne passera pas trop à la maison, je sens une petite tension dans sa voix. Je comprends assez vite que ca ne se passait pas si bien avec eux ! J'ai besoin de savoir !
"Tu peux passer autant que tu veux ! J'ai des colocs géniaux tu sais ! Mais sinon ca va avec les parents ? J'ai l'impression que tu me dit pas tout Pommy ? Et puis parle moi, un peu de toi, tes amours et tout, ca donne quoi ?"
J'aimerais savoir que ma petite sœur est heureuse en amour, dans tout ce qu'elle entreprends. Je voudrais pas qu'elle finisse comme moi. Moi, j'suis pas un exemple, je couches à droite et à gauche pour rendre un mec jaloux, c'est pas très glorieux. Qu'elle fasse les mêmes erreurs que moi, jamais.  Alors j'vais essayer de veiller sur elle, afin de la préserver de certains vice. Mais bon, je sais que cela va pas être une chose aisée. Car je ne pourrais pas être toujours là dans les moments de sa vie... Dans tout les cas, je ferai mon maximum pour y parvenir.

Tu esquisses un petit sourire. Ca te fait vraiment bizarre de voir tous ces souvenirs et de te dire que c'est du passé. Tu as du mal à t'imaginer prendre ton envol de ton côté, surtout que tu sais que ça veut dire que tu n'habiteras plus jamais avec ta soeur, et ça te fait un pincement au coeur de le réaliser. Quand elle a déménagé, la simple idée de ne plus prendre tes petits déjeuners avec elle, ça t'a fait bizarre et tu as eu du mal à l'accepter... alors là, c'est un niveau de plus à subir.

- T'as bien intérêt, sinon je vais partir en dépression... Tu ne te retiens même pas. Entre l'humour et le sérieux, tu sais pas vraiment si c'est une bonne chose de balancer ça comme ça à ta soeur. Mais tu l'as fait, tu n'as pas su retenir cette phrase. Tu soupires.

- Ce ne sont pas tes colocs qui me foutent tellement la trouille. J'veux pas me prendre des réflexions parce que papa et maman paie un appart dans lequel je ne suis jamais... Ces derniers temps, ils étaient insistants tantôt pour que je parte de la maison, tantôt pour que je reste. Ils savent pas ce qu'ils veulent, ça me soûle. Tu hausses un sourcil. Tes amours ? Y a vraiment pas grand chose à raconter de mes amours, tu sais... Et les tiennes plutôt ? Les miennes sont plutôt ennuyeuses... Autant dire que tu préfères ne pas parler de ton groupe "d'amis" à la fac, c'est pas la peine d'en ajouter davantage et d'inquiéter ta soeur.